Este poema noventa de Las Flores del Mal, es un tanto desconcertante. Baudelaire nos retrata una peculiar situación con la que se encontró, donde al parecer un grupo de ancianos deambulaba cerca de él. Es un largo poema, aunque carece de esa fuerza de la naturaleza de la que parecen gozar otros poemas suyos.
LAS FLORES DEL MAL – CHARLES BAUDELAIRE
LES SEPT VIEILLARDS
À Victor Hugo
Fourmillante cité, cité pleine de rêves,
Où le spectre en plein jour raccroche le passant !
Les mystères partout coulent comme des sèves
Dans les canaux étroits du colosse puissant.
Un matin, cependant que dans la triste rue
Les maisons, dont la brume allongeait la hauteur,
Simulaient les deux quais d’une rivière accrue,
Et que, décor semblable à l’âme de l’acteur,
Un brouillard sale et jaune inondait tout l’espace,
Je suivais, roidissant mes nerfs comme un héros
Et discutant avec mon âme déjà lasse,
Le faubourg secoué par les lourds tombereaux.
Tout à coup, un vieillard dont les guenilles jaunes
Imitaient la couleur de ce ciel pluvieux,
Et dont l’aspect aurait fait pleuvoir les aumônes,
Sans la méchanceté qui luisait dans ses yeux,
M’apparut. On eût dit sa prunelle trempée
Dans le fiel ; son regard aiguisait les frimas,
Et sa barbe à longs poils, roide comme une épée,
Se projetait, pareille à celle de Judas.
Il n’était pas voûté, mais cassé, son échine
Faisant avec sa jambe un parfait angle droit,
Si bien que son bâton, parachevant sa mine,
Lui donnait la tournure et le pas maladroit
D’un quadrupède infirme ou d’un juif à trois pattes.
Dans la neige et la boue il allait s’empêtrant,
Comme s’il écrasait des morts sous ses savates,
Hostile à l’univers plutôt qu’indifférent.
Son pareil le suivait : barbe, œil, dos, bâton, loques,
Nul trait ne distinguait, du même enfer venu,
Ce jumeau centenaire, et ces spectres baroques
Marchaient du même pas vers un but inconnu.
À quel complot infâme étais-je donc en butte,
Ou quel méchant hasard ainsi m’humiliait ?
Car je comptai sept fois, de minute en minute,
Ce sinistre vieillard qui se multipliait !
Que celui-là qui rit de mon inquiétude,
Et qui n’est pas saisi d’un frisson fraternel,
Songe bien que malgré tant de décrépitude
Ces sept monstres hideux avaient l’air éternel !
Aurais-je, sans mourir, contemplé le huitième,
Sosie inexorable, ironique et fatal,
Dégoûtant Phénix, fils et père de lui-même ?
— Mais je tournai le dos au cortège infernal.
Exaspéré comme un ivrogne qui voit double,
Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté,
Malade et morfondu, l’esprit fiévreux et trouble,
Blessé par le mystère et par l’absurdité !
Vainement ma raison voulait prendre la barre ;
La tempête en jouant déroutait ses efforts,
Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarre
Sans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords !
LOS SIETE ANCIANOS
A Victor Hugo
Bulliciosa ciudad, ciudad repleta de sueños,
donde el fantasma a pleno día ¡se rinde al transeúnte!
Los misterios gotean por todas partes como la savia
en los estrechos canales del gigante poderoso.
Una mañana, mientras que en la triste calle
los hogares, cuya altura aumentaba por la bruma,
simulaban los dos muelles de un río crecido,
así como, un decorado semejante al alma del actor,
una sucia y amarillenta niebla inundaba todo ese lugar,
seguía yo, endureciendo mis nervios como un héroe
y discutiendo con mi alma ya cansada,
el arrabal sacudido por los pesados camiones.
De pronto, un anciano cuyos harapos amarillos
imitaban el color de ese cielo lluvioso,
y cuyo aspecto habría hecho llover las limosnas,
sin la maldad que brillaba en sus ojos,
se me presentó. Parecía que su pupila estaba empapada
en hiel; su mirada afilaba la escarcha,
y su alargada barba, rígida como una espada
se proyectaba, parecida a la de Judas.
No estaba encorvado, sino roto, su espalda
formaba con su pierna un perfecto ángulo recto,
así como su bastón, completando su aspecto,
le daba el cariz y paso torpe
de un cuadrúpedo tullido o un judío a tres patas.
En la nieve y el barro se iba tropezando,
como si aplastase a los muertos bajo sus botas,
hostil al universo en lugar de indiferente.
Sus semejantes le seguían: barba, mirada, dorso, bastón, harapos,
ningún rasgo se distinguía, llegado del mismo infierno,
ese gemelo centenario, y esos fantasmas barrocos
caminaban al mismo paso hacia un fin desconocido.
¿A qué infame complot me enfrentaba entonces,
o qué mala suerte me humillaba así?
Porque conté siete veces, a cada minuto,
a ese siniestro anciano ¡que se multiplicaba!
Que aquel que se ría de mi inquietud
y no se apodere de él un estremecimiento fraternal,
piense que a pesar de tanta decrepitud,
esos siete monstruos espantosos ¡parecían eternos!
¿Habría yo, sin morir, contemplado al octavo
imitador inexorable, irónico y fatal,
repulsivo Fénix, hijo y padre de sí mismo?
— Sin embargo le di la espalda al cortejo infernal.
Exasperado como un borracho que ve doble,
llegué a casa, cerré la puerta, aterrorizado,
enfermo y malhumorado, el espíritu febril y confuso,
herido por el misterio ¡y el sinsentido!
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